Florentin Steverlynck, arrivé de Belgique à Lille en 1818, a initié l’entreprise en créant un commerce de grains et d’huiles, ainsi qu’une manufacture de savon mou et de bleu d’azur destinés à la blanchisserie. Il a obtenu la nationalité française en 1823. Au fil du temps, son entreprise a prospéré, et il a eu treize enfants. La direction de la savonnerie a été confiée à son fils, Henri, en 1851, marquant ainsi le début d’une continuité familiale sur six générations.

L’entreprise a commencé par fabriquer des savons utilisés pour nettoyer les fibres textiles naturelles telles que la laine, le coton et le lin à divers stades de leur transformation industrielle. Par la suite, elle a diversifié ses produits en se lançant dans la lubrification. Cette diversification a touché différents secteurs, notamment celui du textile avec des produits spéciaux pour le nettoyage de la dentelle, celui de la thermo-protection du fil à coudre pour les confectionneurs, et même la création d’un produit en aérosol pour obtenir un pli permanent sur les pantalons en laine.

L’entreprise s’est également tournée vers les travaux publics en fabriquant des pâtes lubrifiantes pour l’emboîtement des tuyaux d’assainissement et d’adduction d’eau potable. Une autre activité originale consistait à traiter les bouchons de liège avec une émulsion de silicone, ce qui a valu à l’entreprise la fidélité des fabricants espagnols de bouchons de Champagne.

La savonnerie Gustave Steverlynck a longtemps été située le long de la “drêve Deschodt”, marquant la frontière entre Esquermes et Wazemmes. À partir de 1844, d’importantes filatures ont été établies dans cette région, contribuant au développement industriel du quartier. Au cours des années 1960, ces usines ont été démolies pour laisser place à la construction de résidences telles que Cormontaigne, Gambetta-Leclerc, L’Arbonnoise et Pardaillan.

Aujourd’hui, la savonnerie Steverlynck elle-même cède la place à quatre petites résidences construites par le promoteur Kaufman et Broad. Le projet architectural préserve des éléments du passé industriel de la ville, notamment la cheminée et les arcades en brique rouge des anciens ateliers. L’unité de façade ancienne, située à l’entrée de la rue d’Esquermes dans l’axe de la rue Gambetta, est également conservée, témoignant ainsi de la volonté de préserver le patrimoine historique tout en intégrant la modernité.